À quoi sert l'accord tripartite de Ndjamena entre gouvernement et groupes armés ?
- Fiacre Salabe

- 27 mai
- 2 min de lecture

Le 19 avril dernier à Ndjamena, capitale du Tchad, un accord tripartite de cessation des hostilités a été signé entre le gouvernement centrafricain et deux groupes armés majeurs : l’Union des patriotes pour le changement (UPC) dirigée par Ali Darassa, et les 3R représentés par Oumar Abdelkader. Pourtant, quelques semaines plus tard, les hostilités reprennent de plus belle.
Quatre jours après la signature, le président Faustin Archange Touadera a officiellement entériné ce nouvel accord lors d’une réunion sur la sécurité tenue le 23 avril à Bangui, sous son égide. Une initiative une fois de plus destinée à faire taire les armes et ramener la paix.
Le 27 avril, Ali Darassa publie un communiqué appelant ses hommes à respecter scrupuleusement les engagements de l’accord, en cessant toute forme de violence envers les populations civiles et les Forces armées centrafricaines (FACA). Mais sur le terrain, la réalité contredit les engagements : la ville de Ouadda a récemment été le théâtre de violents affrontements entre les FACA et les éléments des groupes armés signataires. Des combats qui ont malheureusement coûté la vie à plusieurs membres des forces régulières.
Un contraste frappant avec l’accord de Khartoum, signé le 6 février 2019 à Bangui, où l’on avait observé un véritable silence des armes, augurant une accalmie, même temporaire.
Pourquoi ce nouveau pacte de Ndjamena n’a-t-il pas le même effet ? Les groupes armés auraient-ils sciemment piétiné les clauses de l’accord ? Existe-t-il des arrangements occultes entre le gouvernement et ses partenaires, mal perçus par la base armée, au point de provoquer une réaction musclée sur le terrain ?
S'agit-il simplement d’un sabotage de la part de certains combattants non informés de la signature de l’accord ? Ou d’une pression émanant des troupes, frustrées de n’avoir aucune visibilité sur ce qui se négocie entre leurs chefs et le pouvoir de Bangui ?
Car signer un accord, c’est aussi rassurer la partie adverse par des garanties concrètes. Y avait-il dans ce cas un déséquilibre dans les concessions, alimentant frustration et colère chez les groupes armés ? Et si tel est le cas, à qui revient la responsabilité des récentes violences à Ouadda ?
La question reste entière : à quoi sert réellement cet accord de Ndjamena, s’il n’est pas en mesure de désamorcer les tensions sur le terrain ?
Autre élément troublant : à la différence de l’accord de Khartoum dont le contenu avait été largement diffusé auprès des populations, le texte de l’accord de Ndjamena reste entouré d’un flou total. Aucun détail n’a filtré, renforçant le scepticisme autour de sa portée réelle et de son efficacité.
Espérons que les autorités de Bangui, qui ont misé sur ce processus de Ndjamena pour ramener la paix, ne se soient pas laissées berner par des interlocuteurs peu fiables. Le peuple centrafricain, lui, attend toujours que les armes se taisent — pour de bon.









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