Affaire Armel Sayo : Paul Biya interpelle Bangui
- La rédaction
- 21 juil.
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Dans un télégramme officiel daté du 21 juillet, le président camerounais Paul Biya a adressé une correspondance directe à son homologue centrafricain Faustin-Archange Touadéra. Objet : la situation jugée opaque de M. Armel Sayo, ex-chef rebelle centrafricain arrêté au Cameroun en janvier dernier et extradé à Bangui en mai 2025.
Dans son message au Palais de la Renaissance, Paul Biya insiste sur « l’importance capitale pour la sécurité et la coopération entre nos deux nations » du traitement de cette affaire. Le Cameroun, qui avait procédé à l’arrestation de M. Sayo début janvier à la demande des autorités centrafricaines, a depuis transmis l’intéressé à Bangui, mais déplore un flou croissant sur sa situation.
Le chef de l’État camerounais demande officiellement :
Des précisions sur le lieu de détention ou la situation actuelle de M. Sayo ;
L’état d’avancement des procédures judiciaires engagées ;
Et toute autre information pertinente sur le traitement du dossier.
Paul Biya évoque des « informations fragmentées et parfois contradictoires » qui alimentent les doutes dans l’opinion publique, et appelle à un partage officiel d’informations pour renforcer la coopération bilatérale.
La sortie du président camerounais fait écho à plusieurs voix déjà alarmées depuis mai.
L’ONG Amnesty International a été l’une des premières à réagir publiquement à l’arrestation d’Armel Sayo. Selon Marceau Sivieude, directeur régional par intérim pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale :
« Les autorités centrafricaines doivent s’assurer que l’enquête sur les crimes présumés d’Armel Sayo soit menée de manière rigoureuse et équitable. Les victimes attendent justice depuis des années. »
L'organisation rappelle que M. Sayo a dirigé le groupe rebelle Révolution et Justice, impliqué dans de graves exactions entre 2014 et 2019.
Le Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme (RJDH) pour sa part a exprimé de « persistantes inquiétudes » concernant le silence prolongé sur le dossier Sayo. Le BRDC (Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution) a également exigé dans un communiqué que les autorités centrafricaines précisent :
Le lieu de détention de M. Sayo,
Son état de santé,
L’accès à un avocat et au respect de ses droits fondamentaux.
Ces inquiétudes s’intensifient dans un contexte régional où les procédures judiciaires manquent souvent de transparence.
L’intervention du président camerounais, rare à ce niveau de détail sur un cas individuel, marque un tournant diplomatique dans l’affaire Sayo. En plus de répondre aux préoccupations internes, elle relance le débat sur la gestion des anciens chefs de groupes armés dans la région, et sur les obligations judiciaires des États dans un contexte post-conflit.
Alors que l'exigence de justice s’intensifie, Bangui devra désormais clarifier sa position non seulement face à Yaoundé, mais aussi devant la communauté internationale.
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