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Tchad : Succès Masra arrêté, l'opposition crie à la « chasse à la sorcière »

Arrestation de Masra à son domicile
Arrestation de Masra à son domicile

L’ancien Premier ministre tchadien, Succès Masra, a été arrêté et placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire à N’Djamena. Le procureur de la République a confirmé les faits lors d'une conférence de presse ce vendredi, annonçant que Masra est poursuivi pour association de malfaiteurs, incitation à la haine, révolte, et complicité dans une attaque armée survenue le 14 mai à Mandakaou a province du Logone Occidental.


Cette attaque, qualifiée de « gravissime » par les autorités, aurait causé la mort de 42 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, selon le bilan officiel. Le procureur a précisé que des éléments d’enquête en cours impliqueraient directement Masra dans l’organisation et la préparation de cette action violente, sans toutefois présenter de preuves publiques à ce stade.


L’arrestation de cette figure centrale de l’opposition intervient dans un climat politique tendu. Depuis la mort du président Idriss Déby en 2021 et la prise de pouvoir par son fils, Mahamat Idriss Déby, le pays peine à retrouver une stabilité démocratique. Le scrutin présidentiel de 2024, remporté par Mahamat Déby, avait déjà été vivement contesté par l’opposition, qui dénonçait un simulacre d’élection et un maintien déguisé du pouvoir militaire.


Succès Masra, qui avait brièvement occupé le poste de Premier ministre de transition en 2023 avant de démissionner pour protester contre les dérives autoritaires du régime, était redevenu l’un des opposants les plus virulents du gouvernement. Il portait un discours critique à la fois sur la gestion de la transition et sur les atteintes aux libertés publiques, notamment dans le sud du pays.


Ses proches réfutent l’ensemble des accusations, qu’ils qualifient de « montées de toutes pièces », et dénoncent une tentative de museler l’opposition. Le parti Les Transformateurs, fondé et dirigé par Masra, exige sa libération immédiate et condamne une « instrumentalisation de la justice à des fins politiques ». Plusieurs organisations de la société civile se sont jointes à cet appel, évoquant une dérive autoritaire et un climat de répression généralisée.


Alors que la situation reste tendue à N’Djamena et dans le sud du pays, de nombreuses voix appellent à la retenue. Des manifestations pourraient éclater dans les prochains jours, renforçant les inquiétudes autour d’une éventuelle escalade de la violence dans un contexte national déjà instable.


La communauté internationale, jusque-là silencieuse, pourrait se voir contrainte d’intervenir diplomatiquement si la crise venait à s’aggraver davantage.

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