Touadéra en quête de financements européens pour le Plan national de développement (PND)
- Fiacre Salabe
- 3 juin
- 2 min de lecture

En déplacement officiel en Europe pour quatre jours, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra entame une série de rencontres diplomatiques de haut niveau avec les partenaires de l’Union européenne. Objectif : mobiliser des ressources financières pour soutenir le Plan national de développement (PND) 2024-2028, socle stratégique de la relance économique et sociale de la République centrafricaine.
Une mobilisation nécessaire dans un contexte de désengagement américain.
Face au retrait progressif du soutien des États-Unis et à la prudence accrue de certaines institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), Bangui doit réorienter ses alliances. Cette situation, aggravée par les incertitudes géopolitiques et les répercussions des sanctions économiques globales, met en péril la mise en œuvre de plusieurs projets phares du gouvernement.
Le président Touadéra espère, à travers cette tournée, restaurer la confiance des bailleurs européens et obtenir de nouveaux engagements financiers en faveur du PND, qui repose sur plusieurs axes clés : infrastructures, éducation, santé, gouvernance, sécurité et développement durable.
L'Union européenne demeure l’un des plus importants partenaires techniques et financiers de la RCA. Elle a déjà investi plus de 730 millions d’euros entre 2014 et 2020 à travers divers instruments, notamment le Fonds européen de développement (FED), le Fonds Bêkou, et des programmes bilatéraux d’appui à la gouvernance et à la paix.
En décembre 2022, l'UE a également annoncé un soutien de 15 millions d'euros supplémentaires pour le secteur de la santé et l'aide humanitaire. Toutefois, l’approfondissement de la coopération entre Bangui et Moscou – notamment la présence militaire russe et les accords sécuritaires – a complexifié les relations avec Bruxelles, qui exige des garanties de transparence, de bonne gouvernance et de respect des droits humains.
Le PND 2024-2028 prévoit de moderniser les infrastructures de base, d'améliorer l'accès aux soins de santé, de renforcer le système éducatif et la formation professionnelle, de soutenir le développement agricole et la sécurité alimentaire, tout en consolidant la gouvernance, la cohésion sociale et la décentralisation. Ce programme, aligné sur les Objectifs de développement durable (ODD), nécessite un financement estimé à plus de 3 milliards de dollars sur quatre ans.
La diplomatie centrafricaine se trouve aujourd’hui à un tournant. Si l’option européenne reste plausible et souhaitée, elle nécessite une réassurance politique de la part de Bangui quant à ses alliances stratégiques. Bruxelles attend du président Touadéra qu’il clarifie la place accordée à ses partenaires traditionnels, dans un environnement où la présence russe est perçue comme un facteur de tension.
Touadéra devra donc faire preuve de finesse diplomatique pour convaincre ses interlocuteurs européens qu’un soutien renforcé à la RCA est non seulement souhaitable, mais nécessaire pour la stabilité de la région et la lutte contre l’extrémisme violent et l’insécurité transfrontalière.
Malgré les tensions, l’Europe a aussi intérêt à rester engagée. Une Centrafrique stable, en développement, intégrée dans les dynamiques régionales, représente un enjeu stratégique en matière de sécurité, de gestion migratoire et de lutte contre le trafic d’armes et de minerais.
La relance du PND pourrait ainsi constituer une opportunité de recalibrage du partenariat entre la RCA et l’UE, dans une approche plus pragmatique, centrée sur les résultats et le co-développement.
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