Deux journalistes arrêtés à Boda, l'inquiétude grandit autour du sort de Fiacre Salabé et Christian Locka
- Prince-Eric Ngaibino
- 20 juin
- 2 min de lecture

L'arrestation de deux journalistes dans la ville de Boda, au sud-ouest de la République centrafricaine, suscite une vive inquiétude dans les milieux de la presse et de la société civile. Fiacre Salabé, directeur de publication du site d’information indépendant Yacanews.com, et Christian Locka, journaliste camerounais connu pour ses enquêtes transfrontalières, ont été interpellés mercredi 18 juin sur instruction du procureur de la ville.
À ce jour, aucune information officielle n’a été communiquée sur les raisons de leur arrestation. Les familles, les rédactions respectives et les confrères des deux journalistes restent sans nouvelles d’eux depuis leur détention. Les autorités locales, elles, gardent le silence, ce qui renforce les soupçons d’une arrestation arbitraire.
Selon des témoignages recueillis à Boda par la rédaction de Yacanews.com, un malentendu avec le procureur pourrait être à l’origine de cette interpellation. Aucun mandat ni justification légale ne leur aurait été présenté lors de l’arrestation.
Ce n’est pas la première fois que Fiacre Salabé est confronté à des pressions. Journaliste engagé, auteur d’articles souvent critiques du pouvoir, il a été à plusieurs reprises menacé, agressé, et brièvement interpellé en octobre 2024 à Bangui, avant d’être relâché après une garde à vue à la gendarmerie.
La situation de la liberté de la presse en Centrafrique demeure précaire. Malgré une Constitution qui garantit la liberté d’expression, les journalistes exercent souvent dans un climat d’intimidation, d’insécurité et d’autocensure. Le Haut Conseil à la Communication est accusé par certains acteurs de ne pas œuvrer efficacement pour la liberté de la presse, tandis que les journalistes indépendants ou critiques sont régulièrement pris pour cibles.
Selon le dernier classement de Reporters sans frontières (RSF), la Centrafrique figure parmi les pays où le journalisme est en danger. Les arrestations arbitraires, les menaces physiques et les pressions politiques y sont monnaie courante. De nombreux reporters ont dû fuir le pays ou se reconvertir face aux risques.
L’arrestation de Fiacre Salabé et Christian Locka intervient dans un contexte tendu où les médias indépendants tentent de survivre malgré le manque de moyens, les pressions politiques et l’insécurité croissante dans plusieurs régions du pays et où le journaliste Landry Nguéma Ngokpélé est toujours détenu à la maison carcérale de Ngaragba.
Plusieurs organisations de défense des droits humains et de la liberté de la presse, tant nationales qu’internationales, ont commencé à interpeller les autorités centrafricaines. Elles exigent des explications immédiates sur les raisons de la détention des deux journalistes, et demandent leur libération sans condition si aucune charge sérieuse n’est retenue contre eux.
À travers cette affaire, c’est le droit à l’information, déjà fortement mis à mal en Centrafrique, qui se trouve une fois de plus menacé.
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