top of page
Rechercher

Centrafrique – Présidentielle 2025 : le BRDC face à ses limites dans la lutte contre le 3e mandat de Touadéra

Marche du BRDC en avril 2025
Marche du BRDC en avril 2025

Alors que la Centrafrique entre progressivement dans la dernière ligne droite avant l’élection présidentielle de décembre 2025, l’opposition politique regroupée au sein du Bloc Républicain pour la Démocratie en Centrafrique (BRDC) semble en perte de vitesse. À l’heure où Faustin Archange Touadéra prépare son projet de « premier mandat de la 7e République », des doutes subsistent sur la capacité réelle du BRDC à incarner une alternative crédible et structurée.


Le 27 avril dernier, le BRDC avait annoncé une marche pacifique à Bangui pour dénoncer les conditions de vie précaires des centrafricains et s’opposer ouvertement au projet de troisième mandat du Chef de l’État. Initialement interdite par le ministre de l’Intérieur, l’action a finalement été autorisée par le Président Touadéra lui-même.


Mais malgré ce retournement inattendu, la mobilisation fut faible : seuls quelques centaines de manifestants ont répondu à l’appel. Pour nombre d’observateurs, cet échec traduit un déficit d’adhésion populaire au BRDC, qui peine à mobiliser au-delà des cercles politisés de la capitale.


Quelques semaines plus tard, une autre manifestation du BRDC, cette fois organisée dans un quartier périphérique de Bangui, a été perturbée par des groupes proches du pouvoir. Les leaders du BRDC ont dénoncé une manipulation orchestrée par le régime : pour eux, le président Touadéra aurait sciemment laissé s’exprimer l’opposition afin d’évaluer sa capacité de mobilisation... avant de l’affaiblir en la discréditant et en perturbant ses actions.


Une stratégie d’usure politique qui semble fonctionner : le BRDC se retrouve exposé, autorisé à s’exprimer — mais sans réel écho dans la rue ni capacité de nuisance institutionnelle.


Autre fait marquant : le limogeage récent d’Enoch Derant Lakoué, ancien Premier ministre et leader du Parti Social-Démocrate (PSD). En cause : des tensions autour d’un financement sollicité auprès du président congolais Denis Sassou Nguesso, que Lakoué aurait tenté d’influencer à titre personnel, masqué par une supposée "Trahison" selon les termes d'un communiqué pondu par le BRDC.


Derrière cet épisode, se cache un malaise profond au sein du BRDC, où les ambitions personnelles et les enjeux de financement minent la cohésion du groupe. Un coup dur pour une coalition qui peine déjà à exister face à un pouvoir central solidement structuré et stratégiquement habile malgré les "incompétences" décrié par l'opposition.


Plusieurs figures du BRDC, comme Crépin Mboli-Goumba, ont fait l’objet de poursuites judiciaires ces derniers mois, affaiblissant leur marge de manœuvre politique. D’autres membres du bloc, soupçonnés d’avoir reçu des avantages financiers ou d’avoir des représentants dans le gouvernement, peinent à adopter une ligne de confrontation claire avec le régime en place.


Résultat : aucune action juridique forte ni plan politique coordonné n’a été engagé contre le projet de troisième mandat. Sur le terrain, le pouvoir conserve l’initiative, pendant que l’opposition se disperse.


À moins de six mois de l’élection présidentielle, la situation semble favorable au président Touadéra, qui s’appuie sur une nouvelle Constitution sans limitation de mandat, adoptée en 2023. La multiplication des candidatures indépendantes ou peu structurées pourrait favoriser un émiettement de l’opposition, ouvrant la voie à un scrutin sous contrôle.


Le BRDC, malgré son discours de résistance démocratique, n’apparaît pas aujourd’hui comme un contre-pouvoir solide. Sans refondation de sa stratégie, sans union réelle autour d’un projet commun, ses chances de peser sur l’élection restent minces.


Dans ce contexte, certains partis hors-BRDC pourraient jouer un rôle d’arbitres inattendus. On pense notamment à l’UNIR de l’ancien Premier ministre Henri Marie Dondra, qui reste influent dans certains milieux économiques et administratifs. À cela s’ajoute le KNK (Kwa Na Kwa), ancien parti de François Bozizé, qui semble amorcer un retour progressif sur la scène politique, bien qu’il n’ait pas encore clairement situé sa position vis-à-vis du pouvoir ou du BRDC.


Leur attitude dans les prochains mois pourrait peser lourd dans l’équilibre du scrutin, à condition qu’ils sortent de l’ambiguïté et s’alignent clairement dans le jeu démocratique. Une éventuelle alliance ou coordination avec le BRDC pourrait créer un bloc d’opposition élargi et plus structuré.


Rappelons que le BRDC, principal mouvement d’opposition démocratique en Centrafrique, traverse une phase critique. Faible mobilisation, divisions internes, pression judiciaire et absence de stratégie cohérente : autant de facteurs qui pèsent lourdement sur ses perspectives.


Face à un régime, structuré en un de petits blocs de gouvernance et soutenu sans le montrer par les institutions internationales et notamment avec l'appui militaire -non sans engagement financier- du groupe wagner, seul un sursaut stratégique collectif et un renouveau du leadership permettront à l’opposition d’exister politiquement d’ici décembre 2025.

 
 
 

Comments


bottom of page