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Changement climatique en Centrafrique : une menace silencieuse et dévastatrice

La République centrafricaine (RCA), bien que peu émettrice de gaz à effet de serre, subit de plein fouet les conséquences néfastes du changement climatique.


Le pays, enclavé et fragilisé par des conflits politiques et une pauvreté endémique, fait face à des bouleversements environnementaux qui menacent la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance et la stabilité sociale des six millions de personnes vivant sur son territoire.


En 2021, la RCA a émis environ 21,3 millions de tonnes de CO₂ équivalent, représentant seulement 0,05 % des émissions mondiales (Emission Index, 2023). La majorité de ces émissions provient des changements d’utilisation des terres et de la foresterie (89,46 %), suivis par l’agriculture (5,26 %) (Données du Climate Data Initiative Facility, 2023). Malgré cette faible émissions, le pays reste l'un des plus touchés par les conséquences néfastes liées au changement climatique. 


Les périodes de pluie deviennent de plus en plus irrégulières, parfois trop courtes ou excessivement intenses, sur l’ensemble du territoire national. Cela affecte gravement les activités agricoles, principale source de revenus pour environ 80 % de la population (Global South Climate Report, 2024). Les cultures de subsistance comme le manioc, le maïs et le mil sont régulièrement menacées par des inondations ou de courtes sécheresses, provoquant des pénuries alimentaires et une hausse des prix pouvant atteindre 30 % sur certains marchés locaux est la FAO.

La désertification touche particulièrement le nord du pays, où les précipitations ont chuté de près de 15 % au cours des 20 dernières années (UNEP, 2023). La surexploitation des ressources naturelles par certaines entreprises étrangères, notamment chinoises, accentue ces pressions, alimentant des conflits récurrents entre éleveurs et agriculteurs, particulièrement dans les régions de Nana-Gribizi et Ouham (International Crisis Group, 2023).

Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, la RCA comptait plus de 455 000 déplacés internes en 2023, et ce chiffre pourrait atteindre 550 000 d’ici fin 2025. Dans certaines zones comme Paoua, une partie importante de la population a migré vers le Cameroun voisin, où près de 350 000 réfugiés centrafricains sont actuellement enregistrés.


Les températures moyennes ont augmenté de 1,3°C depuis 1961, et les projections annoncent une hausse supplémentaire de 1,5 à 2°C d’ici 2050 (USAID Climate Risk Profile RCA, 2023). Cette chaleur et l’humidité croissante favorisent la prolifération de maladies comme le paludisme, qui représente 42 % des consultations médicales dans le pays (OMS, Rapport mondial sur le paludisme, 2023). Des cas de choléra et de dengue ont également été signalés dans plusieurs localités.

La qualité de l’eau potable se dégrade, notamment à Bangui, où plus de 35 % des ménages déclarent ne pas avoir accès à une eau propre (UNICEF RCA, 2024).


Malgré ces défis, la capacité d’adaptation du pays reste limitée. La RCA a fixé des objectifs de réduction de ses émissions de 9,03 % d’ici 2025 et de 11,82 % d’ici 2030 en engagement inconditionnel. Des réductions plus ambitieuses, conditionnées à un appui international, visent 14,64 % d’ici 2025 et 24,28 % d’ici 2030 (Berkeley Global Displacement Platform, 2023).


Le changement climatique en RCA n’est pas une menace future, mais une réalité quotidienne. Pour y faire face, il est urgent d’investir dans des stratégies d’adaptation, de renforcer la résilience des populations vulnérables et de promouvoir une gestion durable des ressources. Une action coordonnée des autorités, des partenaires internationaux et des communautés locales est indispensable pour éviter une aggravation de la crise environnementale.

 
 
 

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